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pai-me.overblog.com

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LA TRANSPACIFIQUE C’EST TOUT PILE, MAIS UN PEU LONG

Publié le 12 Juillet 2015, 17:08pm

Vendredi 3 juillet 2015, 11h00 heure locale.

Et voilà, 25 jours et 8 heures, 4 changements d’horaires, presque 3500 milles nautiques, nous voici aux Gambier, Mangareva pour être plus précis, dans une eau bleu turquoise.

Retour sur cette traversée tantôt super calme, tantôt super mouvementée.

Départ prévu de la Bahia de Caraquez lundi 8 juin 2015, avec Pedro notre pilote à 8h ; il est 7h et déjà ce dernier trépigne d’impatience, départ à l’arrache donc, le ventre vide, on déjeunera plus loin. Il y a de la houle et le bateau est super lourd, mais ça le fait, un petit 20 nœuds de vent, nickel pour ce départ, sauf que le vent tombe en même temps que la nuit et là, misère, les voiles claquent et les nerfs du capitaine aussi, alors on plie tout et pour la première fois dans notre courte histoire de navigateurs nous nous laissons dériver et nous allons nous coucher.

Les jours 2, 3, 4, et 5 se suivent et se ressemblent, très faible brise, mais on avance, c’est sûr on pètera pas les scores de distance.

Jour 6, ça repart, avec des grains et des rafales à 45 noeuds, il faut réduire, on prend un ris et on roule du génois, et ça tiendra jusqu’au jour 10, avec une houle de travers désagréable, ça mouille dans le cockpit et on mange planqués sous la capote, mais nous ne souffrons plus du tout du mal de mer alors tout va bien. Ce soir nous avons pêché 2 dorades que nous ne mangerons que demain car mangées trop fraîches elles peuvent être toxiques.

Jours 11, 12 et 13, nous sommes tanqués dans la molasse, c’était inévitable, on affale le génois pour réparer le rattrapage de chute, une cordelette qui a cassé, qui empêche la bordure de flaper, on change de fuseau horaire pour la 2ème fois. On profite du calme pour prendre la douche, eh oui, faut bien, c’est pas qu’on pue, non, mais ça commence à gratter…

Jour 14, on renvoie le ris et on le reprend 5 minutes plus tard, des grains, on est presque contents de les voir, alors que d’habitude ça me fait plutôt flipper.

Jour 15 ça marche toujours bien, et aujourd’hui c’est l’anniversaire de Louanne, avec la houle qu’on se tape de travers, le gâteau est un challenge, mais on y arrive, il est plat et cramé sur la première moitié et super réussi de l’autre côté, du 50/50 en somme pas si mal. On reçoit régulièrement la position de nos amis autrichiens, partis des Galápagos ils ont 500 milles d’avance sur nous, c’est limite déprimant. Et le pire c’est qu’au regard des fichiers météo, ils sont toujours là où le vent adonne. On a pêché un gros thon, mais il était tellement stressé que quasi mort (bien saigné en tout cas), il s’est mis à trembler, un vrai batteur à œufs, si fort qu’il s’est foutu à l’eau, quel gâchis !

Jour 20, ça fait 5 jours qu’on prend grain sur grain, on a viré 1/3 de la soupe dans le cockpit au passage d’une grosse vague de merde (enfin j’veux dire de travers), les veilles de nuit se font planqués sous la capote, pas top confort, il faut bien le dire. On ne croise ni ne voit personne, limite ça fout la trouille, j’ose même pas imaginer un naufrage ici au milieu de nulle part, alors n’y pensons pas.

Jours 21, 22 et 23, c’est la molle, rien à dire sur ces journées mornes où nous coupons l’ordinateur de bord pour économiser l’énergie : et oui : ciel voilé et vitesse trop lente, l’alternateur d’arbre ne produit rien. On tourne au moteur pour tenter de stabiliser le bateau qui se dandine dans cette houle croisée et récupérer un peu de cap.

Jour 24, oh surprise, l’évacuation de la cuve à eau noire (pourtant ouverte) s’est bouchée, obstruée par tout un troupeau de coquillages mal intentionnés ; résultat, la soute à voile inondée de pisse (oui, c’est la deuxième fois, mais pas pour les mêmes raisons) et le Bert à la baille à gratouiller la sortie au couteau, quel bonheur que de nager dans ce jus, d’autant qu’il avait pris la douche le matin même, bref, une traversée, vous verrez, c’est quelque chose à vivre ensemble, et gnagnagnagnagna.

Jour 25 : Et voilà des grains, des rafales à 35 nœuds, de la pluie torrentielle, il faut ralentir pour ne pas arriver de nuit, un comble quand on vient de se traîner pendant 3 jours à 2-3 nœuds de vitesse et puis soudain vers 4h du mat, ça y est, des masses sombres apparaissent, les Gambier, fantastique, enfin, et la fatigue disparaît, j’hésite à réveiller Louanne juste pour qu’elle voie ce que ça fait. Dans la journée Bert a vu sauter une dorade coryphène d’au moins 1,5 mètre de long, elle nous a tout cassé et aura sûrement beaucoup de mal à digérer ce qu’elle vient d’avaler…

En arrivant on réalise qu’un bas-hauban est à changer, 2 torons cassés, les chocs répétés de la grand voile qui bat, la vieillerie, va savoir, disons que nous avons eu de la chance qu’il ne cède pas pendant la traversée… Car le bateau souffre.

Il est 11h et nous jetons l’ancre (enfin, 2 ancres) dans la baie de Rikitea, au cul de nos amis autrichiens qui débarquent sans tarder avec du pain et de la bière locale, sympa, non ? Bert et moi on se jette à l’eau, elle n’est même pas froide, il fait beau et nous sommes ravis.

Le mot du moussaillon Loulou (eh oui je suis montée en grade) :

La transpacifique, c’est long, et en plus c’est long ! Y’en a qui vous dirons le contraire mais pour nous, les enfants, qui ne savent pas toujours quoi glander, on s’ennuie un peu. Mais bon, comme dirait le cap’taine : « Les Gambier, ça fait pas chier d’y aller ». Au début, on est brassé, il faut un temps pour tout, surtout pour s’acclimater. Une fois acclimaté, je peux aller à l’intérieur pour…glander. Comme c’est la pétole, avec Emma on a fait des colliers (on met des perles partout, tout ça). Puis ça s’est mis à bouger, et la c’est moins drôle. Il m’est arrivé de passer toute une journée avec le mp3 sur les oreilles à écouter de la musique. J’ai fais mes quarts, enfin mes caramels, 2 heures seulement et des heures relax. Je regarde un film, et je regarde dehors toute les 10 min. Plus les nuits passaient plus les temps de looking dehors s’espaçaient. J’ai dû regarder 20 films dans toute la traversée, ça va ! Si je comptais tout ce que je fais, je devrais commencer par les bleus. On se tape dans tous les sens, dans la table, dans la cuisine et pire encore, dans les WC. Faire la vaisselle devient un supplice, même si elle est une petite. Et les gens disent : « Les traversées, c’est un truc à vivre en famille ! » Ceux la, ils y connaissent rien parce que se faire secouer dans tous les sens, que tu sois tout seul ou en famille c’est pareil. C’est sûr, tu partages des bons moments si ton gamin passe sa journée enfermé dans sa chambre, là c’est sûr il est obligé de sortir. Pour ceux qui ont du mal avec leurs enfants, à la fin ils veulent même plus en entendre parler. « - C’était comment cette traversée ? La ferme ». Franchement, j’exagère mais si on peut plus rire…

Mais, je suis contente d’arriver, on aura tout eu : la pluie, le soleil, le vent, la pétole…tout.

On arrive, on retrouve nos popins (traduction pour ceux que ne parlent pas le Emma) nos copains. Il fait grand beau, puis on nous dit que c’est pas souvent. A croire qu’on amène le soleil !

Eh ben voila le passionnant récit vu par le moussaillon. Et vous avez tous la bise des poissons du pacifique !

A moi maintenant !

Les Gambier, on est content d’arriver.

Les Gambier, faut vraiment vouloir y aller.

Les Gambier si t’es pas pressé.

Les Gambier pour se les cailler.

Bon bref, les autres ont tout dit. Alors comment va notre bon vieux Paï-mé ? Eh bien il se porte à merveille, comme un petit vieux qui vient de se taper l’intégral du pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle à genoux et en hiver. Il a juste besoin de vacances, de repos, de soins intensifs, d’une nouvelle pile. Rien d’extraordinaire quoi : un nouveau hauban, des lignes de couture sur le génois, un peu moins de jeu dans la direction, un bon dessalage intérieur suite aux fuites, niveaux…et ça repart pour un tour.

Ce qui lui manque surtout c’est une place confortable, genre siège de CX, à l’abri des embruns, de la pluie, du vent pour se la couler douce pendant les quarts. Au bout de 25 jours, et dès le 2° jour d’ailleurs, on ne sait plus comment se mettre : assis (bof), allongé dans le cockpit (ça mouille), en U dans la descente (mal au dos), dans son lit (pas bon pendant les quarts). En tenir compte lors de l’achat d’un bateau !

Alors quoi que j’ai fait ? Maté un film, l’océan, les nuages, les étoiles, lu 5 livres et dormi, dormi, dormi.

A venir, la vidéo de la traversée, dès que le débit le permet, patience, patience...

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S
Ca fait du bien de lire cet article qui casse le mythe. Sans ça on aurait limite rêvé d'être à votre place... Content de voir que vous êtes heureux !<br /> Samuel (Haroraï)
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Y
Bon, vous vous éloignez un peu de Montréal...on comprend que vous aimez les mers un peu plus chaudes mais on pense bien à vous!<br /> La bise.
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T
he ben voilà....bravo les gaziers et les gazieres. content de vous savoir bien arrivés. j'en doutais pas :les botto, c'est du costaud. :)
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E
Bravo les montagnards de la mer...... Vous me faites rêver..... Votre voyage est fabuleux<br /> <br /> Je trouve les deux filles tellement belles.... Vous aussi mais cela est un détail. Vite vite d'autre nouvelles: Bisous à tous mais surtout à ma belle Emma et aussi à Louane
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T
Bravo............. maintenant reposez vous bien.
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C
Oui, nous aussi on est content que ce soit fait, et bien fait malgré tout.....25 jours ça a du être long !<br /> bravo à tous les 4, félicitations au "Moussaillon".<br /> Bises chaleureuses (environ 40° à Domancy !)
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Z
Nous avons bien pensé à vous, et nous sommes contents que se soit fait. Bonne continuation, on attend les photos. Bises
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T
Nous attendions de vos nouvelles avec une grande impatience. ... Bravo, c'est gagné !
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