JOURNAL D'UNE CYCLO-TOURISTE

Publié le 16 Novembre 2016, 22:42pm

Lundi

Etape qui n'en finit pas : déjà 108 km, une succession de cols, cette piste de terre rouge gondolée jusqu'à la plage des Puffins, non loin de la baie de Pindaï, et pour finir les robinets sont fermés, la vanne générale bouclée dans un blockhaus. Ce soir c'est sandwich et demain on essayera de trouver de l'eau. Et moi qui pensais en avoir fini avec la course à l'eau, pauvre naïve !

Mardi

Toute la nuit des espèces d'oiseaux ont fait le foin - c'était des poules d'eau - , moi qui me pensais cuite au point de sombrer pendant 12h, non, j'ai bien tout entendu.

Ce matin c'est la surprise : 2 vélos sur 3 ont un pneu crevé. Toutes ces petites aiguilles pernicieuses cachées dans l'herbe sèche. Au total aujourd'hui on subira 4 crevaisons et on passera 6 rustines. Une conclusion s'impose : éviter au maximum les pistes.

Koné - tous à vos cartes ! Ville principale de la province nord - faute de camping et trop économes – devrais-je dire radins ? - pour finir à l'hôtel, c'est chez les pompiers que nous passons la nuit clandestinement pour ne pas choquer les employés de la mairie. Accueil aux petits oignons, je ne vous fais pas de dessin, vraiment charmants.

Mercredi

Remerciements. Ce matin, en plus de nous avoir Accueillis avec un A majuscule, les pompiers nous ont gratifiés d'un speech tout ce qu'il y a de plus formel, presque émouvant, on s'est tapé la bise et ils nous ont poussés sur la route avec leurs encouragements.

Rendre bienfait pour bienfait. 7500 francs, c'est la somme que Bert a trouvée sur la route, ainsi que le passeport et la carte d'identité de l'infortuné. Tout naturellement - je ne dis pas que l'idée de garder la tune ne nous a pas effleurés - nous avons ramené pognon et paperasse à l'aéroport, convaincus que cette BA n'était qu'un juste retour des choses compte tenu de notre gentille expérience de la veille.

Voh, royaume des moustiques, ici le discours change quelque peu, ce n'est plus « faites attention à vous », mais plutôt « faites attention à vos vélos, je me suis fait voler le mien dans la cour et pourtant j'ai un chien ! », « et moi dans mon garage, c'est déguelasse ». Nous voilà donc en vigilance rouge, comme pour les incendies, plusieurs foyers sont en cours et tenez-vous bien, la plupart sont d'origine criminelle, certains diront que c'est pour chasser les mauvais esprits, d'autres par pur amusement, et tenez-vous toujours, les pompiers font régulièrement l'objet de caillassage et plus récemment on leur a tiré dessus – sommes-nous dans ce havre de paix qui fait rêver de loin mais qui est loin d'être enchanteur ?

Diététique de l'effort

Jeudi

Koumac. La route de Voh à Koumac est rectiligne et plutôt monotone. « Allo, les amis, on est à Koumac ». « Pas de problème, on vous reçoit chez nous ». Bière fraîche, vin rouge, matelas, oreillers, chaises avec dossier, toutes ces choses dont on imagine pas qu'elles pourraient nous manquer, sans parler des gens, des discussions entre adultes et des éclats de rires. Merci pour votre accueil et si vous passez par la Yaute, même dans 10 ans... On se reverra peut-être, peut-être pas, mais la porte reste ouverte.

Vendredi

C'est relâche...et CNED !

Samedi

Nous n'irons pas jusqu'à la pointe nord du Caillou, car on ne peut pas boucler et on a horreur des aller-retours, la route monte jusqu'à Poum - ça ne s'invente pas, d'ailleurs si vous aviez la carte vous auriez vu qu'il y a aussi Pam, mais pas Pim, il y a aussi Troulala, mais là je m'égare - donc nous allons emprunter la transversale et ses cols Crève-coeur -si, si c'est comme ça qu'ils s'appellent- et son non moins fameux col d'Amos. Fini les grandes lignes droites, à nous virolos, goudron pourri, coups-de-cul, ambiance Alpilles, pins verts sur fond de roche rouge-orangée, air sec, on charge ceux qui ont la patate et on décharge ceux qui faiblissent et ça passe. Dans les montées soutenues, Emma passe à pied, ça décongestionne les fesses et Bert se déleste ainsi de son « sac » de 60 kg, c'est pas rien ! Bientôt 1000 bornes dans les pattes et toujours en rodage, on adapte en fonction des difficultés et on se dit qu'on va peut-être bien en baver en Nouvelle-Zélande, mais n'y voyons pas tout en noir...

Côte est, beau temps le matin, puis le ciel se charge et il pleut tous les soirs et tôt le matin. Ce weekend c'est le pont de la Toussaint, y'a du monde au camping.

Mardi

Relâche à Colnet - après Pouébo, camping les pieds dans l'eau, PMT, cascade, y'a du potentiel, CNED – j'ai dit CNED ? - wifi. Prochaine étape Hienghène – la carte nom de nom !

Sinon, c'est l'époque idéale pour rouler ici, pas trop chaud, pas trop froid, tout pile quoi. Et pas trop de moustiques de ce côté de l'île, mais je le dis pas trop fort...

En vrac quelques images de la côte ouest jusqu'à Bourail.

Allez, arvi pâ.

NOUVELLE CALEDONIE, ILE DE CONTRASTES

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