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45 milles de Fatuiva à Hiva Oa, un saut de puce. Le mouillage d’Atuona est selon les dires le plus horriblement rouleur des mouillages du monde (je pensais que c’était celui de Saba !) et pourtant il s’est révélé super calme les jours où nous nous y sommes trouvés, d’une chaleur écrasante la journée avec retour de la fraîcheur la nuit, bref pas si mal que ça. Reste que ces escales provisions sont pour nous des escales marathon, on en a déjà parlé. L’eau de la baie est vert clair épais, c’est-à-dire qu’on n’y voit pas à plus de 30 cm, donc peu engageante et quand il fait chaud, c’est un supplice que de ne pouvoir piquer une tête, heureusement il y a une douche publique qui fait le bonheur de tous, locaux comme plaisanciers.
La bonne nouvelle c’est que nous avons retrouvé Jean-Luc, notre voisin de carénage de Bonaire, avec toutes ses bonnes combines et sa patience d’ange avec Emma.
L’autre bonne nouvelle c’est que non loin d’ici, de l’autre côté du canal du Bordelais se trouve Tahuata et à Tahuata on peut tout faire, ou presque, il faut juste venir avec ses œufs parce qu’on n’en trouve nulle part, à croire que les poules pondent directement les poussins.
La baie d’Hanamenino, notre favorite car ici on a la paix : on peut débarquer à la plage et se promener sur les crêtes dans les chemins des chevaux en liberté, pêcher surtout le poulpe, se baigner (pas de requins, en tout cas pas visibles) ; très peu de bateaux mouillent ici car les fonds ne sont pas cartographiés, il fait majoritairement beau avec toujours un peu de brise et le relief doux n’encourage pas les vents catabatiques. Alors chut, faut le dire à personne ! On a fait la rencontre de Clovis (tout un personnage !) qui s’est pointé un matin avec de la chèvre rôtie et sa sauce barbecue, en ragoût au lait de coco, une gamelle de riz, une autre de spaghettis et pour finir des beignets. Clovis c’est le Burgonde marquisien (voir Kamelott), un rire tonitruant, une franchise absolue et une générosité absente de toute contrepartie. Il cultive les fruits et légumes à Hiva Oa, enfin cultiver est un bien grand mot, disons qu’il plante, débroussaille, et la nature s’occupe du reste. Il travaille quand même 3 heures par jour ! Ensuite il fait la sieste et bricole chez lui. Il adore la pêche et sa tranquillité lorsqu’il vient à Hanamenino, loin de sa femme qui crie tout le temps. Sa femme à Clovis, elle est super sympa, elle ne crie pas, elle parle fort pour qu’il l’entende, mais Clovis, ancien boxeur a dû prendre pas mal de coups au casque, ce qu’il fait qu’il ne supporte plus le bruit. Et là, Clovis est au régime, il a choppé « la gratte » (la ciguatera), il ne peut manger que des légumes et des féculents. D’ailleurs son toubid lui a dit : « ça te fera du bien tu es gros et tu as de la goutte ». Clovis n’est pas un cas rare, beaucoup sont dans son cas, avec bien souvent du diabète en plus.
Seul bémol, et de taille dans ce petit paradis : les nonos. Ces sales bestioles de très petites tailles piquent frénétiquement et leurs piqûres démangent atrocement pendant plusieurs jours.
Hanamoenoa, la baie de Steeven, qu’on soupçonne de cultiver de l’herbe qui fait rire en arrière de la plage. Cette baie est très bien abritée, avec du sable partout, mais voilà, il n’y a plus guère de poissons et seul l’accès à la plage est autorisé, l’arrière pays étant protégé par des barbelés et des panneaux « propriété privée » ; aux dires de Steeven, c’est pour protéger ses cultures (quelques aubergines et tomates qui crèvent la soif) et ses fruits (principalement des citrons) du sans gêne des plaisanciers (c’est vrai, dès qu’on peut grappiller par ci par là…), je ne parlerai pas du reste, car ce ne sont que des soupçons. Steeven veut vivre à la vraie, communier avec la nature, se la couler douce pendant que d’autres se fatiguent (pourquoi pas ?!), mais son discours est souvent discordant et son plaisir passe avant tout, surtout le plaisir d’écluser les bières et autres alcools du bord, du coup on évite la baie.
Vaïtahu, l’enfer du béret vert : arrivés accompagnés des dauphins, la baie fort calme s’est vite révélée être un enfer lorsque le vent souffle. Au pied des montagnes les plus hautes, le vent descend en furie et nous arrache la tête. Au beau milieu de la nuit il faut plier toutes les bâches (car il pleut ces jours-ci), sous peine de les voir arrachées, et le lendemain nous renonçons à débarquer tellement ça souffle. Seule option, un repli sur Hanamoenoa, le temps de laisser passer le coup de vent.
Vaïtahu présente quand même des avantages : on peut facilement acheter des fruits, en ce moment c’est les bananes, les mangues et les citrons, les avocats, les papayes et les fruits à pain ; c’est Jimmy qui a pignon sur rue. Attention, on est d’abord tout content d’avoir un stock énorme, mais tout va mûrir en même temps et ensuite c’est l’usine pour ne rien laisser perdre. Autre avantage certain : l’eau, elle est bonne.
Une route (piste ?!) rejoint le village d’Hapatoni, mais il faut compter 2 heures aller et comme il pleut…
Hapatoni, village très typique, avec ses habitants super accueillants. Hapatoni est LE village de sculpteurs sur os, tout le monde sculpte à la gouge, ça vaut le détour. On mouille dans une baie juste avant le débarcadère du village, et même quand ça souffle fort rien ne bouge. Quand nous sommes arrivés nous avons pris des rafales à 50 nœuds (une première, on n’aime pas trop bien ça) au large de Vaïtahu (ben tiens !), mais le plus grand calme régnait dans la baie. Et ici du poisson il y en a, on évitera toujours de prendre les mérous et les inconnus. Les locaux vous le diront : on tue et après on voit si on peut le manger, ah maudite ciguatera !
Tahina cuisinera avec grand plaisir le poisson que vous lui aurez apporté et vous finirez à table avec toute la famille par un beau dimanche ensoleillé. Cyrille, le plus tatoué du village vous emmènera voir ses œuvres chez lui et vous pourrez jouer à la pétanque, mais avec des règles bien différentes de la marseillaise, qu’on n’a pas très bien comprises d’ailleurs…
Petit bémol : pas de vent + ciel couvert = pas d’électricité. Et comme on n’aime pas faire tourner le moteur à vide, on bouge, les distances sont tellement courtes d’une baie à l’autre que même y allant tranquillement on refait difficilement le plein d’énergie.
En fait on tue le temps en attendant le fameux festival des arts qui a lieu tous les 4 ans. Ce qui s’annonçait être une fête fabuleuse se transforme pour nous en un semi-calvaire : le mouillage d’Atuona n’est pas terrible et déjà bondé, par ailleurs il se peut que les autorités fassent dégager quelques bateaux car le tout nouveau Aranui (fret et passagers) est plus grand que l’ancien et vient les festivités.
On nous parlait de délégations venues de tout le Pacifique, hors la Nouvelle-Zélande s’est décommandée, on ne sait pas pourquoi, Hawaï ne vient pas pour des raisons financières, les Gambier vont s’abstenir également pour des raisons de vexation (le groupe aurait pris la mouche suite à un commentaire maladroit du maire quant à leur prestation du 14 juillet), et Hiva Oa serait un peu juste au niveau des hébergements. C’est la 10ème édition de ce festival et rien n’est encore clairement organisé, ou plutôt tout est organisé pour les délégations mais pas pour les touristes : pas de programme clair et les transports vont s’organiser au dernier moment. Du coup on attend, on attend et on verra bien.
Mise à jour par Bert : 16/12/2015
Finalement les Gambier se déplacent au festival.
Le nouvel Aranui 5, garé juste en face de nous, est beaucoup plus gros et moche.
Le monde, la désorganisation à la polynésienne, le bordel pour garer le bateau et enfin mon amour pour ces festivités folkloriques nous ont poussés à fuir le festival vers Ua Pou (Marquises du nord) pour rejoindre Capella et les cours papier du Cned de la Loulou. Beaucoup ne nous comprennent pas.
On a péché une carangue bleue de 70 cm (Bon miam) dans le canal Bordelais. Mais le bilan pêche à la traîne est loin d’être positif : beaucoup trop de casse (requins) ! Montez avec du gros ! Vive le fusil !
Un gamin m’a demandé si Stèph était ma fille et avait du mal à croire que non. Plutôt flatteur ! Mais après réflexion grosse méprise. Elle faisait la lessive au robinet du port, une tâche qui revient (entre autres) habituellement aux jeunes filles. On en reparlera plus tard.
Bon noël et joyeuses Pâques ! A la chandeleur mangez des crêpes à la crème de marron pour nous.
Pour la nouvelle année ne nous appelez pas on dort ! A l’épi fani (au comptoir) gaffe les dents y a un truc dur dans la galette.
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