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Fatu Hiva, premier contact avec les Marquises, l’île la plus sud de l’archipel, nous apparaît comme une masse imposante après ces 3 jours de navigation. La masse est grise, les couleurs et les reliefs nous apparaissent au fur et à mesure que nous approchons, les odeurs de terre humide et de bois brûlé viennent nous chatouiller les narines, il nous tarde de voir à quoi ressemble ce paradis dont nous avons eu maintes fois les échos par d’autres voiliers.
Les vents catabatiques descendent de la montagne et nous poussent, 5 nœuds de vitesse juste avec la grand-voile, on commence à redouter le cap qui nous exposera aux rafales violentes de la baie des Vierges. Au fond de la baie, le village d’Hanavave semble bien tranquille, on distingue des silhouettes qui s’affairent en arrière de la digue et sur les rivages.
Pas l’ombre d’un voilier, il faut trouver le sable entre les roches pour jeter la pioche, le capitaine chausse palmes, masque et tuba et se jette à l’eau pour scruter les fonds, son second à la barre et le mousse Louanne au guindeau, voilà, nous sommes mouillés et éblouis par la vue : pics et falaises sculptées par le vent et la pluie dans une roche volcanique noire, pudding, vallées profondes, crêtes coiffées de brume, palmiers, manguiers, arbres à pain, bananiers, hibiscus, végétation luxuriante et impénétrable, le vert des îles à relief contre le bleu turquoise des Tuamotu…
Bon voilà pour la littérature, maintenant nous sommes crevés, alors on se la coule douce et on ira explorer tout ça bien reposés demain matin.
Les rafales se sont acharnées toute la nuit mais l’ancre tient bon, c’est donc sans crainte que nous laissons notre bateau et partons à la rencontre des Marquisiens.
Et là c’est quelque peu la douche froide : nous qui avions pris l’habitude de saluer tout le monde, puisque tout le monde nous saluait, ici nos bonjours ne reçoivent aucun écho, étonnant, d’autant plus que nous découvrons pour la première fois un panneau d’affichage faisant état des immanquables de Fatu Hiva, flagrant indice d’ouverture au tourisme. Etrange non ? Un peu plus loin, Christian, sculpteur sur pierre et bois nous fait signe et nous demande d’emblée si Bert serait capable de réparer sa lampe frontale. Et voilà comment un petit dépannage change toute la donne et amorce un système d’échange de savoir faire contre régimes de bananes, pamplemousses, invitation à dîner. Bert devra également réaliser un meuble étagère avec les moyens du bord, en échange de quoi Poi (Emile en français) nous conduira avec sa barque à moteur à Omoa, l’autre village de la côte.
C’est un village d’artisans : les hommes sculptent la pierre, les os, les coquillages et le bois, les femmes réalisent des couronnes de vétivers, des tapas, un genre de papyrus tiré de l’écorce de l’arbre à pain et du mûrier (pour plus d’infos, wikipedia…), des doigts de fée qui confectionnent également divers tressages de palmes, colliers de graines…
Nous goûtons de nouveaux fruits : le corossol et les surettes, meu meu et sans effets secondaires.
Nous sommes chanceux car ce weekend Hanavave accueille à l’occasion des fêtes du Rosaire (wikignagna) les Marquisiens du sud (des 3 îles du sud) pour un marathon de prières. C’est pour nous l’occasion de profiter de la vie locale, messe en plein air au bord de la mer, spectacles musicaux et chantés, et comble de la chance, l’Austral, un bateau de croisière grand standing de chez Ponant débarque également, ayant organisé pour ses clients un accueil en tenue traditionnelle, les locaux ont monté un stand avec leurs œuvres, font des démonstrations de danse et de tressage et font déguster leurs bananes séchées roulées dans la coco râpée (encore une nouvelle recette !).
On discute avec un couple de bretons et Olivier demande gentiment au commandant si nous pouvons visiter l’Austral et nous voilà badgés en visiteurs, quel luxe, quel navire !
Pour plus d'infos : www.ponant.com
Retour sur terre, nous marchons entre Omoa et Hanavave, 17 km dans la forêt et sur les crêtes, grand calme, loin du rugissement des vagues, ça fait du bien aux oreilles.
Il pleut des ficelles, c’est à priori ce qui nous attend toute cette semaine, la rivière en une seule nuit a coloré notre verte piscine en marron caca d’oie nettement moins engageant pour la baignade.
Depuis 2 jours nous ne sommes plus seuls, une famille sur un catamaran est arrivée et ça tombe plutôt bien car cela fait plusieurs années qu’ils sillonnent le Pacifique et nous pouvons nous rencarder sur les mouillages, les conditions de navigation, les incontournables et les abominables, bref, une vraie source d’infos utiles. En plus ils ont l’air sympas, que demander de plus ?
L'Avenir vient aussi de nous rejoindre, nous voilà une fine équipe, apéros, promenades, barbecues, échanges de combines et de recettes, parties de chasse aux poulpes, la vie est belle...
J'en profite pour saluer nos amis haut-savoyards, la famille, sans oublier les ex-collègues de travail (travail ? connait pas...), les kayakistes de haute rivière et nos amis voileux sur l'eau comme à terre. Des grosses bises à vous tous.
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